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Actualité

Municipales à Paris : peut-on confier au privé la sécurité des sites sensibles

Rachida Dati, qui fait de la sécurité à Paris un des piliers de sa campagne, propose de libérer la police des tâches de surveillance quotidienne. Par Julie Cloris pour Le Parisien.

Afin de mieux répartir les forces de police dans Paris, pour garantir la sécurité des Parisiens, axe central de son programme avec la propreté, Rachida Dati veut « faire appel à la sécurité privée qui permettra de surveiller des bâtiments publics ou des bâtiments sensibles ».

Que souhaite Rachida Dati ?

La candidate LR estime qu'avec cette mesure, la police nationale, qui n'est pas sous la tutelle de la mairie de Paris, pourrait se recentrer sur ses missions « d'interpellations, d'investigation », et la police municipale, que l'ancienne garde des Sceaux veut armer, se consacrer à la lutte contre les incivilités du quotidien.

Cette idée selon laquelle l'Etat et les collectivités ne seraient plus les seuls à garantir la sécurité publique porte un nom, le « continuum de sécurité ».

Il n'existe pas de définition stricte de ce qu'est un « site sensible », car la notion même de sensibilité est relative. Aux évidences - l'Elysée, Matignon, les gares, les ambassades, les tribunaux, des lieux cultuels, des écoles - on peut ajouter « un opérateur d'importance vitale, une société qui exploite de l'eau potable ou le centre de contrôle du tram », explique Guillaume Farde, maître de conférences à Sciences-po Paris.

La Préfecture de police détermine les sites sensibles

En France, il y a bien longtemps que le privé participe à des tâches de police et qu'il a le droit de porter pour cela des armes. Depuis les années 1970 où le gouvernement français avait libéré policiers et gendarmes de la mission de transporter des fonds, des bijoux et les métaux précieux. Il avait instauré une distinction pour les entreprises privées qui se lançaient : pour des cargaisons de plus de 200 000 francs, les convoyeurs devaient être formés, et équipés avec des gilets pare-balles et des armes de catégorie B ou C.

Les centrales nucléaires, sites ultrasensibles, sont aussi sous la surveillance du privé.

Pourtant, en janvier 2015, après les attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et l'Hyper Cacher, ce n'est pas au privé que le gouvernement a fait appel, mais à l'armée. L'opération Sentinelle a été chargée de la vigilance antiterroriste. 6 500 soldats étaient déployés en Ile-de-France après les nouvelles attaques à Paris et Saint-Denis. En février 2017, 7 000 hommes restaient mobilisés dans l'Hexagone. Depuis trois ans, plus aucun chiffre n'est communiqué. « Nos effectifs évoluent en permanence pour s'adapter aux besoins », explique-t-on au service communication de Sentinelle.

C'est la préfecture de police de Paris qui détermine les sites sur lesquels porter son attention, et elle refuse de communiquer sur ce point. « Le rôle de l'armée n'est pas de défendre un lieu ou une installation stratégique ; nous venons en appui des forces de sécurité intérieures afin de protéger la population. Dans les aéroports, par exemple, nous ne nous mettons pas en ordre de combat pour protéger les avions ou les infrastructures de communication mais nous veillons à la sécurité des voyageurs et des gens qui travaillent sur place », poursuit-on chez Sentinelle.

« Avant 2015, on ne s'était pas vraiment posé la question mais depuis, on voit bien que tout faire reposer sur la sécurité publique ne suffira pas. À l'approche des Jeux olympiques, toute une définition est en train de se redessiner », estime Sarah Pineau, secrétaire générale de l'Union nationale des officiers de réserve.

160 sites municipaux gardés par des agents de sécurité privés

À Paris, Rachida Dati ne propose pas de créer un précédent puisque la ville fait déjà appel à de nombreuses entreprises privées, pour un budget annuel de 13 M€. « Vu la tension sur les effectifs de police, de gendarmerie et même de police municipale, vous ne pourriez plus organiser d'événements à Paris », remarque Guillaume Farde.

Aucun membre de la préfecture de police n'est utilisé pour protéger régulièrement des bâtiments municipaux, selon les services d'Anne Hidalgo. Si les mairies d'arrondissement sont surveillées par des agents de la ville, « 160 sites municipaux (bibliothèques, terrains, jardins) sont gardés par des agents de sécurité privés », explique-t-on à l'Hôtel de Ville. Chaque dimanche, les périmètres fermés à la circulation de l'opération Paris respire leur sont également confiés. « Cela permet de mieux concentrer les effectifs de la police municipale sur des missions qualitatives de présence sur la voie publique », justifie-t-on à la mairie de Paris.

Lors de la dernière Nuit Blanche, le service d'ordre de 1 000 personnes était composé aux deux tiers d'agents de sécurité venant du privé et d'un tiers d'agents municipaux. « Ils ont travaillé en parfaite coordination avec la police nationale, et avec un succès opérationnel total », conclut-on rue Lobau.

En résumé : Rachida Dati propose un déploiement déjà appliqué, qui n’est pas contesté dans l’esprit et qui dispose déjà d’une assise juridique, renforcée dans la loi du 28 février 2017 sur la sécurité publique. Reste à savoir quelle ampleur la candidate LR veut donner à cette orchestration des forces nationale, municipale et privée. Et quel cadre strict sera donné aux sociétés privées, qui n’ont pas toutes achevé leur processus de moralisation.

Source : http://www.leparisien.fr/