ActualitéDes caméras thermiques pour détecter la fièvre ? La Sté Procedo s'y met...La société de sécurité privée Procedo propose d’utiliser des caméras thermiques afin de détecter de potentiels malades du Covid-19. Plusieurs entreprises testent ce dispositif en France, qui pose beaucoup de questions.
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Et si notre chaleur corporelle était mesurée à chaque fois que nous entrons dans un lieu où nous ne serons pas seuls ? Alors que se prépare le déconfinement, l’entreprise de surveillance Procedo, basée à Metz, propose depuis déjà un mois à ses clients une caméra thermique, capable de mesurer la température corporelle entre un et cinq mètres de distance. Le tout en moins d’une seconde. D’ordinaire et depuis 30 ans, cette entreprise de 600 employés divise son activité en trois secteurs : l’installation de systèmes électroniques, la télésurveillance et le gardiennage. Le Covid a mis en pause une partie de l’activité, puisque les sites sont fermés et l’installation de nouveau matériel pas nécessaire. Cherchant une solution pour maintenir le travail, le co-dirigeant et directeur commercial associé de Procedo, Clément Vuibert, découvre via les images du déconfinement en Asie le recours aux caméras thermiques et à la prise régulière de température. Si elle n’en est pas le seul symptôme, la fièvre se retrouve souvent chez les malades du Covid-19. « Nous utilisons déjà ce matériel pour détecter les intrusions », explique le cadre. L’entreprise passe commande de 150 caméras et les teste auprès de certains clients, comme les plateformes logistiques alimentaires qui n’ont pas stoppé leur activité. « Nous avons fait passer des gens devant la caméra puis une boisson chaude par exemple et on a tout de suite vu le capteur monter. Et puis à force, nous avons effectivement vu, malheureusement, des personnes qui avaient de la fièvre. » De 1 300 à 7 000 euros Les premières caméras, réglées sur 38°, ont été installées dans des entreprises dès le 3 avril par Procedo. La demande ne cesse d’augmenter, notamment depuis l’annonce du déconfinement le 11 mai. Chaque caméra coûte entre 1 300 et 7 000 euros, louée aux alentours de 500 euros aux utilisateurs. Entreprises privées comme collectivités ont contacté l’entreprise, dit Clément Vuibert, dont l’office de tourisme de Metz. « Il nous a commandé une borne d’auto-contrôle thermique, qui est plutôt un service. Chaque personne est renvoyée à sa responsabilité, elle passe devant et connaît sa température », précise-t-il. « Rien n’est encore fait », tranche de son côté Philippe Courqueux, directeur de l’agence Inspire Metz. « Nous explorons des hypothèses, n’importe quelle étude doit être faite si elle peut permettre de préserver quelqu’un. Mais nous n’avons encore rien testé et rien décidé. » Inspire Metz précise que « d’autres choses seront mises en place, comme le port du masque » avant d’avoir recours à cette méthode. La borne de Procedo peut également détecter les masques. Si leur port n’est pas imposé par l’Etat, les commerçants, notamment dans les grandes surfaces, peuvent trouver la technologie intéressante. Si certaines « écoles d’ingénieurs et grandes écoles de commerce » ont également passé commande, Clément Vuibert précise qu’après des discussions et des études avec les collectivités, il n’a reçu aucune sollicitation de la part « de l’Education nationale ». Préserver les droits privés La massification de la prise de température pose de très nombreuses questions. Son recours n’est d’ailleurs pas « recommandé » par le Haut Conseil de la Santé publique puisqu’elle ne détecte pas les patients asymptomatiques… et la fièvre reste aussi un symptôme d’autres maladies. La ministre du Travail Muriel Pénicaud a rappelé lundi 4 mai au micro de France Info qu’elle ne pouvait pas être imposée dans les entreprises, au même titre que les campagnes de dépistage généralisées. « C’est une intrusion sur le domaine de la santé, c’est privé », a-t-elle souligné.
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