ActualitéLes nouveaux défis de la sécurité privéeGérard Collomb, ministre de l'Intérieur, a confirmé des missions supplémentaires pour les agents de sécurité privée. Mais, épinglé par la Cour des comptes, le secteur doit encore se structurer avant le défi majeur des JO 2024 de Paris.
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Des agents privés postés devant les chambres d'hôpital des détenus, au sein des brigades fluviales qui surveillent les quais de Seine ou du Rhône, devant les lycées... Déjà ultra-présents dans notre vie quotidienne, ces gardiens vont voir leurs terrains d'intervention se multiplier. La loi sur la sécurité intérieure, entrée en vigueur en novembre 2017, a permis la création d'une cinquantaine de périmètres de protection temporaire (événement sportif, gare, événement culturel, etc.). « Il y en aura certainement 200 ou 300 qui seront ouverts en 2018 », comptabilise Claude Tarlet, président de l'Union des entreprises de sécurité privée (UPS). Surveillance des bâtiments sensibles Durant les 5es Assises de la sécurité privée qui se sont tenues le mois dernier, Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, a évoqué un élargissement des missions, citant « la protection de certains bâtiments sensibles ou le transport de scellés dangereux ». Ou bien encore la possibilité pour les agents de faire des rondes à l'extérieur des sites qu'ils surveillent. L'armement des vigiles, rendu possible depuis le 1er janvier 2018, sous certaines conditions très encadrées, permet aussi de franchir une marche de plus. « Cela concernera de 1.000 à 2.000 agents pas plus, et ce seront surtout des gardes du corps », relativise Nicolas Le Saux, patron d'Uniprotect, une des PME du secteur. Une croissance à bout de souffle Depuis les attentats de 2015, ces colosses font partie du paysage. Fouille des sacs, présence devant les sièges sociaux d'entreprise, sur les sites nucléaires..., le secteur privé a été appelé en renfort des forces de police et de gendarmerie. L'appel d'air s'est amplifié avec l'Euro 2016, qui a mobilisé 13.000 agents de sécurité. Mais l'effet s'est essoufflé. « Certes, le chiffre d'affaires a bondi de 10 % entre 2014 et 2016, mais la croissance est retombée », décrypte Claude Tarlet, qui évoque « le fantasme d'un secteur privé qui serait en pleine explosion ». En réalité, le secteur, qui emploie 160.000 personnes, est fragile. Eclaté entre de petites entreprises - 67 % n'ont aucun salarié - et une dizaine de gros acteurs (Securitas, Seris...), qui se partagent 80 % du marché, il est peu structuré et ne pèse « que » 6,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires (moins que la propreté nettoyage). Travail peu qualifié, salaires peu élevés... Les professionnels dénoncent des prix tirés vers le bas - ils pointent du doigt surtout l'Etat (un des gros donneurs d'ordre étant la SNCF), qui représente un tiers des commandes -, qui font plafonner les marges à 1 %. « Les clients sont encore sur un système de vente d'heures, davantage que sur une prestation valorisée » déplore Pascal Pech, président du Syndicat national des entreprises de sécurité privée (Snes). Manque de contrôle Des failles dénoncées dans le dernier rapport annuel de la Cour des comptes de février , qui pointe les « limites de la fiabilité des sociétés privées ». Manque de contrôle des cartes professionnelles délivrées par le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS), l'organisme public chargé de réguler le secteur depuis 2011, « manquements déontologiques », peu de sanctions appliquées et dumping sur le prix « au détriment du service rendu ». La liste est longue. Sur fond de menace terroriste, les magistrats appellent à « un renforcement du pilotage de l'Etat ». Pourtant des avancées ont eu lieu depuis six ans, que ce soit en matière de formation des agents - les salariés doivent suivre tous les cinq ans au moins 31 heures de cours - ou d'assainissement du secteur. « Il ne faut pas oublier d'où l'on part, il y a eu des progrès, mais c'est à l'Etat de réguler davantage », estime Xavier Latour, professeur de droit spécialiste de la sécurité à l'université de Nice. Un enjeu technologique L'enjeu de la filière est aussi technologique. L'agent de surveillance devra composer avec des drones, des portiques automatiques à l'entrée des bâtiments, la reconnaissance biométrique. Les acteurs de la sécurité privée attendent les conclusions, prévues au printemps, de la mission parlementaire menée par Jean-Michel Fauvergue, député de Seine-et-Marne, et par Alice Thourot, députée de la Drôme. Le prochain défi sera sans doute les JO 2024 de Paris. Le ton est donné : éviter à tout prix le fiasco des JO de Londres 2012, où les entreprises de sécurité avaient été incapables de fournir les 23.500 agents de surveillance nécessaires. Marion Kindermans Source : https://www.lesechos.fr/ |
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