Sneps - Organigramme

  AG2R partenaire du SNEPS

Ce site a été réalisé avec le soutien de notre partenaire

Actualité

Le risque d'une sécurité au rabais face à la pénurie d'agents

Trouver 15 000 candidats en dix-huit mois pour répondre aux exigences de la sécurisation des Jeux représente un véritable défi. Extrait de l’article Jérôme Porier – Journal lemonde.fr Le défi des jeux et de la situation globale dans notre branche, deux thèmes souvent soulevés par le SNEPS-CFTC. Ce ne sont pas des formations « allégées » ou les dernières augmentations des salaires, toujours insuffisantes au regard de l’inflation, qui motiveront des candidats à se tourner vers nos métiers pour le défi de coupe du monde de rugby en 2023 ou les JO de Paris en 2024.

À dix-neuf mois des Jeux olympiques de Paris, les difficultés de recrutement des entreprises de la sécurité privée font craindre une pénurie d’agents pour assurer la surveillance des compétitions. La situation est d’autant plus tendue en Ile-de-France que la vague d’attentats de 2015 y a accru, plus qu’ailleurs, les besoins en personnel qualifié. « Il existe un déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché de la sécurité privée dans notre région, que les Jeux vont accentuer », résume Nadine Crinier, directrice régionale de Pôle emploi Ile-de-France.

Aux côtés des 30 000 policiers et gendarmes qui seront mobilisés, « il faut 25 000 agents de sécurité privée en plus pour les JO », a estimé, le 22 septembre, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. En réalité, le nombre de personnes à trouver est moindre, parce que certaines entreprises franciliennes pourront libérer des agents pendant les Jeux, et qu’un grand nombre d’événements devraient être annulés ou reportés.

En fait, pour assurer les missions de sécurité relevant du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop), précise Cédric Paulin, secrétaire général du Groupement des entreprises de sécurité, qui fédère 200 entreprises du secteur. « Mais comme il en manque déjà 8 000 en Ile-de-France, c’est un minimum de 15 000 qu’il va falloir trouver, et former, en dix-huit mois seulement. »

Face à cette situation préoccupante, Pôle emploi a adopté plusieurs mesures. En Ile-de-France, l’organisme public a contacté 10 000 titulaires de la carte professionnelle délivrée par le Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), une émanation du ministère de l’intérieur, pour les inciter à revenir travailler dans le secteur.

Formation « allégée »

Pendant les confinements liés au Covid-19, beaucoup de ces agents se sont réorientés vers d’autres filières, comme la logistique. Si un tiers environ travaille encore dans le secteur de façon occasionnelle, faire revenir les autres vers la sécurité constitue une gageure. « Solliciter ces 10 000 inscrits ne suffira pas, c’est pourquoi nous allons aussi nous adresser aux 50 000 demandeurs d’emploi de longue durée dans des fonctions d’accueil, de gardiennage et de nettoyage… », développe Nadine Crinier.

Pour contrer la pénurie, les entreprises de la sécurité font des efforts afin de renforcer leur attractivité : elles proposent davantage de contrats à durée indéterminée et ont accepté de revoir à la hausse leur grille de salaire. Au 1 janvier 2023, la rémunération des agents de sécurité va augmenter de 7,5 %. Il y avait déjà eu un coup de pouce de 3,5 % en 2022. Des discussions sont en cours, qui pourraient aboutir à une nouvelle hausse de 10 % au 1 janvier 2024, se félicite M. Paulin.

Le gouvernement a adopté une série de mesures ciblant les étudiants et les demandeurs d’emploi. La plus emblématique est la création d’une carte temporaire d’agent de sécurité dans l’événementiel, qui sera délivrée à l’issue d’une formation « allégée » de 105 heures, contre 175 heures pour la carte « classique ». « Dans les dix-huit prochains mois, 6 500 personnes devraient recevoir cette formation », précise M Crinier.

En 2016, une mesure similaire, adoptée à l’occasion de l’Euro de football organisé en France, avait été un échec. « Seulement 93 cartes avaient été délivrées », se souvient M. Paulin. Avec une formation raccourcie et en lançant le chantier plus tôt, celle-ci devrait attirer davantage, mais pose des questions sur le plan de la sécurité.

Pour les organismes de formation, une course contre la montre va démarrer dès 2023. Pourront-ils absorber autant de candidats ? « C’est possible, répond M. Paulin. On forme 30 000 personnes par an.

Pour les Jeux, il faudra en former de 6 000 à 8 000 de plus en 2023, et autant en 2024. C’est jouable, mais il faut trouver les candidats ! »

L’expérience des Jeux de Londres en 2012 a montré que cibler étudiants et chômeurs ne constitue pas une solution miracle. Le gouvernement de David Cameron avait dû faire appel à l’armée en urgence : le géant de la sécurité G4S, qui avait remporté l’appel d’offres pour la sécurisation des Jeux, n’avait pu tenir son engagement de fournir 10 400 agents, en embauchant principalement chômeurs, retraités et étudiants.

Ayant tiré les leçons de ce désastre, le Cojop a morcelé ses appels d’offres pour que les petites entreprises de sécurité puissent y participer. Car « les contrats proposés sont trop ponctuels pour motiver les grands groupe », explique Salvatore Furnari, président du groupe Heracles. Securitas ou Fiducial, les leaders du secteur – non spécialistes de l’événementiel –, ont montré peu d’empressement pour répondre aux premiers appels d’offres. « Il est difficile pour les entreprises de sécurité de se projeter sur une échéance aussi lointaine, d’autant que certains sites, comme l’Arena de la porte de La Chapelle, ne seront pas finalisés avant la fin 2023 », ajoute Sébastien Zecca, dirigeant de la société Altaïr et vice-président du Mouvement des entreprises de France, chargé de la sécurité. La situation risque de rester floue tant que les prestataires des missions de sécurité ne seront pas connus.

Les appels d’offres pour la sécurisation des sites non pérennes, qui représentent un tiers des contrats, ont été publiés en avril, et au moins un candidat a répondu pour chaque lot. Les entreprises retenues seront connues d’ici à la fin 2022. Pour les sites pérennes (Stade de France, Roland-Garros, etc.), les appels d’offres se dérouleront en 2023. Le gouvernement ne pourra donc se faire une idée précise de la situation qu’à la fin du premier semestre.