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Actualité

Depuis les attentats de Paris, existe-t-il un boom de la sécurité privée en France?

Force de dissuasion et de vigilance, les agents de sécurité privée se font plus présents à l'entrée des magasins depuis les attaques terroristes. Pourtant, la profession s'est aussi précarisée avec la crise. N’hésitez pas à nous contacter si vous constatez des changements d’attitudes en termes de gestion du personnel ou des embauches massives dans vos entreprises en réaction aux attentats de Paris.

Dans les heures qui ont suivi les premiers coups de feu contre Charlie Hebdo, les téléphones des sociétés de sécurité ont surchauffé. "Une grande entreprise parisienne du luxe, employant 1 500 agents, a fait une demande express de 400 postes supplémentaires pour occuper le terrain dans les 24 heures", confie à L'Express Olivier Duran, porte-parole du Snes, le syndicat national des entreprises de sécurité. "Cette entreprise s'était déjà renforcée avec la perspective des soldes (dont le lancement cette année a eu lieu le jour de l'attaque contre Charlie Hebdo, ndlr). Seulement ce n'est pas simple de trouver autant de personnes en si peu de temps". Conséquences, ils n'étaient qu'une centaine à pouvoir se déployer sur le terrain le lendemain. Au total, on estime à 10 000 le nombre d'embauches qui pourraient être directement liées aux événements terroristes. 

150 000 agents de sécurité en France

Il faut dire que dans ce secteur, le réservoir n'est pas infini. Il serait même "en déficit structurel", selon le Snes. En France, environ 150 000 personnes sont officiellement diplômées et formées pour le métier d'agent de sécurité. Mais beaucoup sont embauchés au coup par coup. Et l'intérim est roi. 

Si la profession est très encadrée et réglementée, elle n'est pas très bien rémunérée. "La plupart sont payés au niveau du smic. Et les entreprises qui font appel à nos services subissent, elles aussi, les effets de la crise. Jusqu'à présent, elles rognaient beaucoup sur le budget sécurité, en négociant les prix à la baisse. Par exemple, on nous demande de facturer une heure de service à 15 euros. C'est inacceptable! Compte-tenu de la prestation et de la formation (prévention incendie par exemple, ndlr), il faudrait que l'on soit entre 19 et 25 euros de l'heure", s'indigne Olivier Duran. Les entreprises accepteront-elles désormais de mettre la main à la poche? 

En tout cas, depuis quinze jours, la demande s'intensifie. Ce qui ne signifie pas forcément plus de clients pour les 5000 entreprises de sécurité exerçant dans l'Hexagone, où un quart du chiffre d'affaires du secteur (5,3 milliards d'euros selon les derniers chiffres en date de l'Observatoire des métiers de la prévention et de la sécurité) est réalisé grâce à la commande publique. Et si la grande distribution capte une part importante de l'emploi, beaucoup d'agents travaillent dans l'ombre: des usines aux entrepôts, en passant par les aéroports ou la filière nucléaire. 

Mais la tendance de ces derniers jours est à un resserrage du maillage. "Prenez les supermarchés par exemple, ils ont tendance à prendre un agent pour de petites surfaces, alors qu'ils ne le faisaient pas jusqu'à présent", indique Olivier Duran. Alors certes, dans l'environnement actuel, le secteur va continuer à croître, "mais avec des marges très faibles pour les entreprises de sécurité" et ce malgré "une certaine reconnaissance de la part du public et des pouvoirs publics", note Olivier Duran. 

La question de l'armement

Reste le débat sur l'équipement, la dissuasion et l'armement. Si Michel Mathieu, le patron du numéro un mondial du secteur, le suédois Securitas, indiquait la semaine dernière sur les ondes de BFMBusiness que le jour de l'attaque des frères Kouachi, "en moins de deux heures, les agents étaient équipés d'un gilet pare-balles devant les principaux médias parisiens et les lieux sensibles de la capitale", cette réponse à la menace est-elle suffisante? "En France, le débat sur le port d'armes des agents de sécurité n'est pas d'actualité. La profession ne demande pas l'armement, c'est clair. En revanche on veut de la protection", rétorque Olivier Duran.  

Et ce, à l'inverse des services de sécurité privée américains, mais aussi espagnols (comme la société Prosegur) qui se sont armés progressivement, notamment après l'attentat de la gare d'Atocha à Madrid en 2004. "Si des clients réclament le port d'armes, c'est par méconnaissance. A l'exception du transport de fonds, personne n'est habilité à porter une arme en France. C'est une question régalienne". 

Ceci ne doit toutefois pas empêcher le débat sur la coordination entre le secteur privé et le secteur public. Problème, c'est un domaine dans lequel il existe "un certain retard" par rapport à ce qui existe dans d'autres pays, selon plusieurs acteurs sondés par L'Express. Et ce malgré l'existence depuis 2012 d'un Conseil national des activités privées de sécurités (Cnaps), piloté par le préfet Alain Gardère et le criminologue Alain Bauer. Peut-être une des raisons qui fait qu'aujourd'hui il n'existe aucun leader français de la sécurité privé en France. Et encore moins dans le monde. 

 
source : http://lexpansion.lexpress.fr/