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Actualité

L'ADS noyé à Bobigny : des accusés qui minimisent une affaire

En dix minutes, peut-être quinze, le sort de Saïd Bourarach s'est joué le 30 mars 2010 à Bobigny. Cet ADS d'un magasin de bricolage a péri noyé dans le canal de l'Ourcq, peu après une altercation avec un client qui voulait acheter un pot de peinture alors que la boutique allait fermer. Il y a quatre accusés dans ce procès qui rentre dans sa deuxième semaine. Le verdict est attendu ce jeudi 26 mars.

"C'est ridicule, tout ça pour un pot de peinture": alors que le procès de quatre hommes, accusés de la noyade d'un ADS en 2010 à Bobigny, entre dans sa deuxième semaine, des zones d'ombre subsistent, les témoins reconstituant peu à peu une altercation où chacun minimise sa participation.

En dix minutes, peut-être quinze, le sort de Saïd Bourarach s'est joué le 30 mars 2010 à Bobigny. Cet ADS d'un magasin de bricolage a péri noyé dans le canal de l'Ourcq, peu après une altercation avec un client qui voulait acheter un pot de peinture alors que la boutique allait fermer.

Un laps de temps très court qui concentre depuis une semaine toute l'attention de la cour d'assises de Seine-Saint-Denis, où quatre hommes, dont l'un en fuite, sont jugés pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec usage ou menace d'une arme".

"Ce jour-là j'étais frustré, choqué. J'ai fait la bêtise d'appeler quelqu'un. J'aurais dû partir", témoigne à la barre Dan Lampel, à l'origine de l'altercation.

Selon le jeune homme, 19 ans à l'époque, il portait une étoile de David autour du cou et Saïd Bourarach lui aurait rétorqué, face à son insistance pour rentrer dans le magasin, "j'ai pas deux-trois minutes pour ta race".

Des propos incroyables pour la nièce de M. Bourarach, qui a témoigné de "ses valeurs", ajoutant que ce père de famille arrivé du Maroc dix ans auparavant maîtrisait mal le français et aurait été plus enclin à parler en arabe sous l'énervement.

Éconduit par l’ADS, Dan part se saisir d'une manivelle à cric dans sa voiture et appelle son cousin pour dire qu'il est "en train de se faire agresser". Frère, amis, cousin arrivent en renfort. Il retourne voir l’ADS, le frappe au visage tandis que lui réplique avec sa bombe lacrymogène.

- Effrayé –

S'en suit une période trouble, que raconte un collègue de l’ADS: "J'ai essayé de faire entrer Saïd par la porte du personnel mais il n'a pas voulu parce qu'un des assaillants menaçait de tuer sa chienne avec une pierre".

Quand la porte se referme, il reste seul et "quatre ou cinq personnes sont en train de l'agresser", poursuit-il.

A quel moment prend-il la fuite vers le canal ? Pourquoi son corps porte-t-il des ecchymoses alors que tous affirment qu'à part le coup au visage il n'y en a pas eu d'autres ? Personne n'a pour l'heure répondu.

Michaël, frère de Dan Lampel, est le premier à le poursuivre. "Je voulais lui dire stop, arrête-toi, on va s'expliquer", raconte-t-il à la barre. "Ce qui m'a touché c'est qu'on a échangé un regard. On sentait qu'il en pouvait plus, qu'il était effrayé."

Selon son témoignage, ainsi que celui d'agents SNCF qui travaillaient à proximité, l’ADS quitte alors sa veste et saute dans l'eau. "Je pensais pas que ça allait finir comme ça. Il nageait vers l'autre rive, il était vivant", poursuit Michaël, en larmes.

Sans se soucier de la suite, tous quittent les lieux. Peu après, à 19H35, ils sont interpellés au domicile des frères Lampel, à Pantin.

L'un d'eux sera retrouvé caché sous une pile de linge, un autre dans un placard et un troisième dans une salle de bains en train de se "débarbouiller", explique un policier.

"C'est une affaire vraiment ridicule, tout ça pour un pot de peinture... Tous les mensonges qui ont été dits : que c'était un crime racial, que des juifs avaient tué un arabe...", se lamente Dan Sellam, le troisième accusé.

Rappelant que "ça n'a pas été retenu", la présidente Xavière Simeoni lui demande de se concentrer "sur les faits". "J'avais aucune raison de vouloir en découdre, Madame. J'y étais mais j'ai rien fait".

Le verdict est attendu jeudi.

 

Source :

http://www.lepoint.fr/